Epître à l'âme.

Tu ne verras jamais la couleur de mes pleurs,
Elle s'en est allée peinturlurer mon cœur,
Eteindre les flammes qui brûlaient mon bonheur.

Tu n'entendras jamais la douleur de mes larmes,
Elle s'en est allée pour fourbir d'autres armes,
Etreindre de son feu les cendres de mon âme,

Ne sentiras jamais le soufre de la lame
Que je plonge en douceur dans l'enfer de l'infâme,
Va, je ne te hais point, ci-gît l'épithalame.


25 avril 2023.

Superbe, Benoît, scandé comme une phrase biblique.

Benoit (admin.) a écrit:

Tu ne verras jamais la couleur de mes pleurs,
Elle s'en est allée peinturlurer mon cœur,
Eteindre les flammes qui brûlaient mon bonheur.

Tu n'entendras jamais la douleur de mes larmes,
Elle s'en est allée pour fourbir d'autres armes,
Etreindre de son feu les cendres de mon âme,

Ne sentiras jamais le soufre de la lame
Que je plonge en douceur dans l'enfer de l'infâme,
Va, je ne te hais point, ci-gît l'épithalame.


25 avril 2023.

De grands et beaux sentiments portés par des vers haut de gamme : je crois lire du Racine ou du Corneille !

Un ressenti très personnel : le verbe "peinturlurer" au deuxième vers me semble un peu "familier" par rapport au vocabulaire relevé qui émaille ton poème.
Il tendrait à donner une touche péjorative ou cocasse qui ne me semble pas vraiment justifiée ici, le ton d'ensemble étant plutôt tragique et plein d'exaltation.

Cela n'engage que moi évidemment, et sans doute as-tu utilisé ce mot à dessein  [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Quoi qu'il en soit, une lecture qui saisit, Benoît, donc un grand merci pour l'émotion suscitée !

Lydia a écrit:Superbe, Benoît, scandé comme une phrase biblique.

Merci Lydia, j'avoue que ton commentaire et celui de Lina viennent de me projeter dans une longue cogitation de près de deux heures (j'étais parti pour une sieste mais comme souvent lorsque mon corps est au repos c'est le cerveau qui s'emballe:lol!: ) qui m'a emmené vers la réflexion suivante : et si les êtres humains n'étaient que des neurones en manque de synapses ce qui expliquerait le chaos de ce monde mais bref ne me demande pas comment j'en suis arrivé là mais mon esprit est tortueux... En attendant j'aime beaucoup ton commentaire.

Lina a écrit:

Benoit (admin.) a écrit:

Tu ne verras jamais la couleur de mes pleurs,
Elle s'en est allée peinturlurer mon cœur,
Eteindre les flammes qui brûlaient mon bonheur.

Tu n'entendras jamais la douleur de mes larmes,
Elle s'en est allée pour fourbir d'autres armes,
Etreindre de son feu les cendres de mon âme,

Ne sentiras jamais le soufre de la lame
Que je plonge en douceur dans l'enfer de l'infâme,
Va, je ne te hais point, ci-gît l'épithalame.


25 avril 2023.

De grands et beaux sentiments portés par des vers haut de gamme : je crois lire du Racine ou du Corneille !

Un ressenti très personnel : le verbe "peinturlurer" au deuxième vers me semble un peu "familier" par rapport au vocabulaire relevé qui émaille ton poème.
Il tendrait à donner une touche péjorative ou cocasse qui ne me semble pas vraiment justifiée ici, le ton d'ensemble étant plûtot tragique et plein d'exaltation.

Cela n'engage que moi évidemment, et sans doute as-tu utilisé ce mot à dessein  [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Quoi qu'il en soit, une lecture qui saisit, Benoît, donc un grand merci pour l'émotion suscitée !

Pour tout te dire les 2 premiers vers me sont venus d'un trait sauf que ce verbe peinturlurer (à l'origine j'avais écrit colorier mais couleur était déjà employé et ne comportait pas le nombre de syllabes que je voulais après relecture) donc ce verbe peinturlurer (que j'affectionne particulièrement sans trop savoir pourquoi) m'est aussitôt venu à l'esprit pour en adoucir le côté tragique, je pense, qui est venu par la suite et comme ces 2 vers n'étaient pas prévus d'être publiés mais que mon écriture n'est jamais préméditée je me suis laissé porter par l'élan qui a suscité ce texte, par l'émotion que je ressentais surtout et qu'il me fallait coucher sur le papier. Ensuite ce fut le jeu sur les rimes qui a attiré mon attention et il est vrai que ta remarque est pertinente et je t'en sais gré car c'est ainsi qu'a évolué mon écriture depuis que j'écris, le ressenti de chaque lecteur m'est très important même si je n'y prêtais guère attention à mes débuts mais c'est une graine que l'on plante et qui germe au fil du temps.

Je connais peu Racine mais Corneille, Le Cid est une de mes lectures préférées et sa célèbre litote (que j'ai reprise) : "va je ne te hais point" n'est pas due au hasard.

Je te remercie infiniment pour ton commentaire qui, si tu as lu ma réponse à Lydia, m'a emmené très loin et pour ton appréciation qui me fait grand plaisir.

Peinturlurer à dessein (j'aime).

PS : j'espère n'avoir pas avoir été trop brouillon dans mon explication mais parfois je m'y perds moi-même.

Peinturlurer à dessein (j'aime).

PS : j'espère n'avoir pas avoir été trop brouillon dans mon explication mais parfois je m'y perds moi-même.[/quote]

oui ce jeu de mots m'est venu sans trop me forcer
Je relis ton texte à la lumière de ton explication et rassure-toi c'est très clair.
Il est évident que nous progressons et prenons du recul avec nos habitudes d'écriture en nous enrichissant des lectures plurielles que le site permet! Sans quoi nous risquerions de voir cette écriture se fossiliser !
Le processus de l'écriture est complexe et personnel.
Ma façon de faire par exemple est toujours la suivante : je suis saisie par des sensations assez confuses de choses vécues et soudain ravivées par la vue de quelque chose d'apparemment insignifiant.
Il y a à l'origine une sorte de désordre intime puis les mots s'écrivant, une distance se crée entre mon idée quand je la pense et ma pensée quand je l'écris ... ça donne des associations parfois heureuses, parfois moins dans une tentative de traduire ce qui souvent semble intraduisible.

( à ton tour de me dire si tout cela est clair )

C'est une vraie chance en tout cas d'avoir de telles opportunités de partage.

Désolée du coup que ton projet de sieste ait été quelque peu perturbé !

Belle soirée !

Lina a écrit:
Peinturlurer à dessein (j'aime).

PS : j'espère n'avoir pas avoir été trop brouillon dans mon explication mais parfois je m'y perds moi-même.

oui ce jeu de mots m'est venu sans trop me forcer
Je relis ton texte à la lumière de ton explication et rassure-toi c'est très clair.
Il est évident que nous progressons et prenons du recul avec nos habitudes d'écriture en nous enrichissant des lectures plurielles que le site permet! Sans quoi nous risquerions de voir cette écriture se fossiliser !
Le processus de l'écriture est complexe et personnel.
Ma façon de faire par exemple est toujours la suivante : je suis saisie par des sensations assez confuses de choses vécues et soudain ravivées par la vue de quelque chose d'apparemment insignifiant.
Il y a à l'origine une sorte de désordre intime puis les mots s'écrivant, une distance se crée entre mon idée quand je la pense et ma pensée quand je l'écris ... ça donne des associations parfois heureuses, parfois moins dans une tentative de traduire ce qui souvent semble intraduisible.

( à ton tour de me dire si tout cela est clair )

C'est une vraie chance en tout cas d'avoir de telles opportunités de partage.

Désolée du coup que ton projet de sieste ait été quelque peu perturbé !

Belle soirée ![/quote]


« Il faut avoir du chaos en soi pour accoucher d'une étoile qui danse.» Nietzsche (je sais que retirée du contexte cette citation ne veut pas dire la même chose mais elle me fait penser et à ta poésie et à mon écriture).

Pour résumer notre écriture est notre manière de résister et de créer encore et encore afin que l'Humanité perdure et qu'enfin l'Humain naisse (enfin c'est mon analyse).

Oui c'est très clair, il m'est parfois arrivé de trembler en pianotant sur le clavier tellement ce désordre perturbe tous mes sens, une fois même j'ai atteint une sorte de transe mais comme on en sort apaisé c'est bien là l'essentiel.

Je fonctionne aussi par associations (surtout d'images)je ne sais pas pourquoi je précise lol et celles-ci ont toujours trois niveaux de lecture mais le rythme et la musique sont toujours présents, question d'ondes sûrement et celles-ci sont multiples.

C'est souvent lorsque je vais essayer de dormir que les mots font leur apparition et encore j'en perds la moitié en chemin quand j'ai le courage de me relever sinon je n'arrêterais pas.

Belle soirée à toi aussi et merci.

Cette épître à l'âme qui est sans doute une cousine éloignée de la composition d'un poème en vue d'un mariage, dite épithalame, ne mâche ni ses (jeux de) mots ni ses métaphores et j'y ressens presque sous la surface comme une envie de rapprochement. Un dilemme ...cornélien pour rester en harmonie avec ton dernier vers.

Bravo pour ce poème auquel les alexandrins apportent une solennité bienvenue.

Amitiés.

Peterpiotr a écrit:Cette épître à l'âme qui est sans doute une cousine éloignée de la composition d'un poème en vue d'un mariage, dite épithalame, ne mâche ni ses (jeux de) mots ni ses métaphores et j'y ressens presque sous la surface comme une envie de rapprochement. Un dilemme ...cornélien pour rester en harmonie avec ton dernier vers.

Bravo pour ce poème auquel les alexandrins apportent une solennité bienvenue.

Amitiés.

Les dilemmes je les tranche de la manière qu'Alexandre trancha le nœud gordien mais tu as très bien lu, une vue perçante tu as.

Merci pour l'appréciation.

Amitiés.

J'ai beaucoup aimé le poème, et aussi les échanges qui ont suivi sa publication. C'est aussi cela qui fait la richesse de ce site...