Le retour du soldat

par Peterpiotr Lun 7 Nov - 8:53

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Tricorne vissé sur la tête,
petit baluchon à l'épaule,
estafilade à la pommette,
il apparut derrière un saule

à trente pas de la maison
environnée par la bruyère
où vivait la belle Manon...
Lui, il revenait de la guerre.

Trois ans dans les armées du Roy.
De retour enfin au pays,
le cœur tout débordant de joie
il venait pour revoir sa mie.

Il était là guettant Manon
pour lui faire jolie surprise,
fixant le seuil de la maison,
la sueur poissant sa chemise.

Cheveux bruns en queue de cheval
sur la nuque noués serrés,
en ce crépuscule automnal
l'ancien soldat, coi, attendait.

Il se remémorait un soir
de mai finissant, et leurs yeux
aussi brillants que des miroirs,
et cet instant si délicieux

où échangeant de doux baisers
sous un mince croissant de lune,
s'étaient promis fidélité
comme assurés de leur fortune...

Soudain la porte s'entrouvrit
et Manon parut sur le seuil
au bras portant un tout-petit...
Alors pour lui, en un clin d'œil

la vie bascula. Il comprit.
Manon, fatiguée de l'attendre,
à un galant avait dit oui.
Maîtrisant son envie d'esclandre

il recula sous la ramée.
Manon n'avait rien remarqué.
Chanceux à la guerre, c'est vrai,
mais en amour...Il étouffait !

Un homme gras, entre deux âges,
par la taille enserra Manon.
L'enfant émit un babillage.
Tout près sifflotait un pinson.

Ne s'attardant pas davantage,
l'ex-soldat reprit son chemin,
maudissant dans sa froide rage
destinée, belles et catins.

par Lydia Mar 8 Nov - 21:37

La patience n'est pas l'apanage de la jeunesse, et cette aventure ne devait pas être unique en son genre, dans toutes les périodes de guerre. Et tenant compte de l'incertitude du retour de son soldat, Manon a préféré sauter le pas. Une histoire fort bien contée.

par Peterpiotr Mer 9 Nov - 7:18

Lydia a écrit:La patience n'est pas l'apanage de la jeunesse, et cette aventure ne devait pas être unique en son genre, dans toutes les périodes de guerre. Et tenant compte de l'incertitude du retour de son soldat, Manon a préféré sauter le pas. Une histoire fort bien contée.

Oui, Lydia, c'est vrai. Quand j'ai écrit ce poème (ça fait quelques années, à force) j'ai imaginé que l'action se déroulait au XVIIIème siècle, en Europe, en France sous LOUIS XV, pourquoi pas ? Mais on peut géographiquement l'imaginer ailleurs, l'époque un peu moins car avec le tricorne... De toute façon ni les guerres ni les infortunes diverses ne manquent, partout et toujours... Hélas !
Et puis en ce temps-là le portable n'existait pas encore, du moins je crois. lol!

Reste que ce pauvre soldat revenu entier d'une guerre imposée par les dirigeants de l'époque (déjà !) mais gratifié d'une paire de cornes at home avait quelques raisons de trouver cette "blague" saumâtre.
Bon Mercredi;
flower

par ibere64 Mer 9 Nov - 8:02

Joliment écrit, ce retour du soldat... Terrible déconvenue, après avoir survécu à la guerre, que de constater que son aimée à déserté son promis et trahi son serment... Mais, comment lui en vouloir ? Loin des yeux, loin du coeur, et les absents ont toujours tort...

par Peterpiotr Mer 9 Nov - 8:13

ibere64 a écrit:Joliment écrit, ce retour du soldat... Terrible déconvenue, après avoir survécu à la guerre, que de constater que son aimée à déserté son promis et trahi son serment... Mais, comment lui en vouloir ? Loin des yeux, loin du coeur, et les absents ont toujours tort...

Ce genre de mésaventure a dû se produire plus d'une fois de par le monde, j'imagine (j'en suis même certain). Le chat absent les souris dansent... Rien de nouveau sous le soleil.
Bon Mercredi, Ibère.

sunny

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