Fumiko ou "les trois épaisseurs de son kimono"

Les cerisiers n’étaient pas de saison,
Et le Temps ne pouvait qu’avoir raison.
Trois fois, trois mesures, trois draps,
Qui me se séparaient de mon trépas.

Elle cachait sa bouche en riant,
Et, désolé, je me retrouvais souriant.
Elle avait ce don de prévoir, mes besoins,
S’acquittant de son devoir de femme,
Qui à chaque instant d’un rire s’enflamme.

Elle lisait parfois Edogawa Ranpô
Je la surprenais en silence, en repos,
Et lisais ses notes finement tracées,
D’un pinceau et à l’encre, ordonnées.

Trois fois, trois mesures, lisait-elle,
De son kimono de sa mère hérité,
Etonné, « mottainai » me disait-elle,
De qui mon nom, ai-je mérité.

Elle lisait parfois du Junichirô Tanizaki,
Et me laissait entrevoir, en souriant,
Ses chevilles, dont elle prenait soin,
De ne pas trop révéler, et, moi, mourant,
De ne pouvoir toucher, « bien mal acquis »

Un jour de pluie de mousson, pluie chaude,
Puis pendant le Temps du thé, brûlant,
Elle se prit à me saluer, me laissant voir,
Trois plis, trois distances, sa nuque, lentement,
Trop lentement pourtant,

Elle se laissait découvrir, pas à pas, comme l’aube,
Comme traverser chemin, nonchalant, allant
Contempler les terres, et dans son tiroir,
Se trouvait un couteau.
Trop lentement pourtant.