La jouvencelle morte

par Peterpiotr Jeu 4 Jan - 6:46

Par un petit matin du joli mois de Mai,
au bord d'un chemin creux presque plus emprunté,
un corps, comme veillé par quatre ou cinq lucioles,
on a découvert là, gisant dans l'herbe folle
au milieu des orties, juste sous une haie.
Grande fille blonde d'une ferme voisine,
entre quinze et vingt ans, sans blessure apparente,
les yeux clos elle paraissait dormir en paix,
fin visage à l'expression encor enfantine
lui conférant un peu une grâce innocente.

... "Quelqu'un sans histoires" susurrait un pommier.
"Sans histoires...connues" ajoutait le plantain.
"Elle pensait surtout à sortir, s'amuser",
résumait pour sa part un papillon de nuit
réputé aimant bien jouer au plus malin
(un papillon, croit-on, amoureux d'une étoile).
Une chouette chevêche était du même avis.
Attendant patiemment au milieu de sa toile
une épeire pensait que jamais on n'aurait
le fin mot de ce dramatique fait divers.
À quelques mètres, manifestement troublé,
oubliant la moitié des mots de son pater,
l'ange gardien attitré de la jeune fille
mécontent des paroles d'un vieux campagnol
passant dans les environs pour un joyeux drille
-mais pour tout dire un muridé à peu près fol-
qui lui reprochait vertement sa négligence
râlait "J'ai quand même le doit d'aller pisser !"...

...Le malheur dans ce coin a commis l'ingérence
et ici nul être n'y était préparé.
Ah ! cette jeune morte a l'air de faire un somme...
Quel jugement rendra la justice des hommes ?