Arobase à la terre.

par Benoit (admin.) Mer 30 Aoû - 20:26

Mes doigts cherchent les mots, c'est rare, ils creusent mais ma mémoire est morte. Pourtant mes ongles s'accrochent au clavier, les yeux rivés sur ce rectangle de papier virtuel, blanc comme celui qu'il faut attendre avant de tirer.

Et si je triangulais : les rêves, les fantasmes, la réalité, comme nous le faisons tous, la musique du monde en sourdine, les images aveugles et ce foutu cerveau qui n'en fait qu'à sa tête.

Penthotal pour tout le monde c'est ma tournée...

Les rêves, cette réalité qui meure faute de ne pas être avouée, cet exutoire qui se fume sans filtre, heureusement qu'ils n'ont pas de poumons, ils seraient noirs comme ces cortèges de corbillards qui défilent sur les méandres où Charon fait payer son obole,

Les fantasmes, ces désirs qui pleurent de n'être reconnus, de naître sous X et de mourir sous les décharges électro-magnéto-chimiques que nous inflige cette conscience sans âme, sans ruines autre que les gravats où nous planquons notre peur du morbide,

La réalité, comment la définir puisque chacun a la sienne, puisque chacun en a plusieurs suivant les circonstances, atténuantes, exténuantes, attirantes, résurgentes, urgentes, cette réalité atlante, haletante voire même dilettante, dilapidée, dissimulée derrière les cieux de l'enfer que nous créons pour nous protéger de sa lumière crue,

La réalité comme un rêve dépourvue de cauchemars, comme un fantasme dépourvu de désirs,

La réalité amère à boire et pourtant si délicieuse à siroter lorsqu'elle se fragmente en cristaux de glace illusoire qui fondent sous l'illusion dont nous sommes perfusés,

Cette réalité est un compte à rebours, un conte de fée pour certains, un conte d'esprit fêlé, une fissure, un précipice où nous tendons nos rets dans l'espoir d'attraper le rayon lumineux que l'on nous a promis dans une vie précédente, dans une vie future,

Et nos yeux hallucinent des mensonges qu'ils ont nommé la vie, ils ont créé un cœur et recherchent la fusion, serions-nous tous physiciens nucléaires, plasticiens éphémères, platoniciens à sa mémère, même pas noyaux mais pépinières à poudre, à moudre, arrobase point terre, vers de terre point barre.

La triangulation fut Dieu, une sainte Trinité,
La triangulation fut psychologie, les deux topiques,
La triangulation devint strangulation, congratulation, salutation, exaltation, exclamation, réclamation,

La triangulation devint strangulation, les jambes à nos cous, fuyant le néant qui nous faisait face alors qu'il était derrière nous.

Nous naquîmes trompe-l-œil,
Nous vécûmes l'écume
Suintant de nos orgueils
Des relents d'amertume.

Mes doigts ont trouvé les mots, on trouve toujours quand on se griffe le cerveau de nos ongles recouverts de brume, l'art rupestre viendra plus tard quand les archéo-psycho-démonologues naîtront, dans un futur lointain, une chose est sûre : j'agraferai mon âme sur ce papier.

19 juin 2010.

par Invité Lun 25 Sep - 5:39

magnifique et complet.
j'aime le style abondant et parlant
la mémoire est mortelle;oui elle permet de passer outre les traumatismes qui reviennent toujours se manifester par d'autres voies
que de questions essentielles, existencielles auxquelles chacun répond comme il peut avec sa nature incomplète mais il est très important de se les poser .
la triangulation existe et se propage dans le premier noyau de la famille et crée les dissensions, les mensonges, les disputes
mais si l'on devient trop net et honnête, il s'ensuit le même résultat
alors que faire ?
s'enfermer et se taire ? comme je le fais dans ma grotte ?
la guerre commence là où nous sommes.
si on ne te demande rien , ne dis rien .
il suffit d'une hyperconscience ou d'une intuitivité profonde pour sentir ce qui ne va pas et reculer devant la fausseté .
merci Benoît !

par Benoit (admin.) Lun 25 Sep - 13:12

marie a écrit:magnifique et complet.
j'aime le style abondant et parlant
la mémoire est mortelle;oui elle permet de passer outre les traumatismes qui reviennent toujours se manifester par d'autres voies
que de questions essentielles, existencielles auxquelles chacun répond comme il peut avec sa nature incomplète mais il est très important de se les poser .
la triangulation existe et se propage dans le premier noyau de la famille et crée les dissensions, les mensonges, les disputes
mais si l'on devient trop net et honnête, il s'ensuit le même résultat
alors que faire ?
s'enfermer et se taire ? comme je le fais dans ma grotte ?
la guerre commence là où nous sommes.
si on ne te demande rien , ne dis rien .
il suffit d'une hyperconscience ou d'une intuitivité profonde pour sentir ce qui ne va pas et reculer devant la fausseté .
merci Benoît !

L'avantage avec les grottes de notre époque c'est qu'elles sont toutes équipées du wifi mais les ombres restent les mêmes, la liberté commence là où nous sommes, elle commence par l'éclairage que nous apportons (et nous nous apportons) au monde et cet éclairage est silencieux et il fait fondre les fers des certitudes auxquelles nous sommes enchaînés.

Merci Marine de ton analyse, nous nous ressemblons beaucoup comme je te l'ai déjà dit.

par Invité Mar 26 Sep - 9:38

je préfère la grotte ou la caverne de Platon sans wifi ni arçon
j'aime communiquer par d'autres voies divines venues on ne sait d'où
je me suis endormie au pied de la vierge à Lourdes pendant que lea foule passait et me suis réveillée enfermée et perdue après quelque sommeil sans pouvoir retrouver mon chemin mais sans inquiétude.

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