Ode à la pourriture

Directement inspiré par "Une charogne" de Beaudelaire. C'est ma première tentative de vers classiques, cependant comme je suis un fieffé provocateur, c'est un poème dégoûtant.


Ode à la pourriture



Une volée de mouches virevolte.
Ses entrailles viciées soubresautent,
Cèdent au passage des asticots,
Qui percent sa grosse panse, puis rament.
Alors elle éclate en magma infâme.
Délice de tripes aux vermisseaux !

Sa peau bouge, les gros vers s'amoncellent,
Lui transpercent ses gracieuses ailes.
Le bourdonnement est assourdissant,
Au-dessus de son enfantin visage.
Des moucherons boivent l'infect breuvage.
Le corps tombe en ruine, pourrissant.

La mousse écume de sa gueule sale
Des blattes sortent des narines pâles
L'exhalaison de bile et d'excréments
Telle une banshee hardie, me tourmente
Non loin, poussent de très étranges plantes,
Qui semblent nées de mélanges déments

D'un acerbe bout de bois, je titille
Par sa mollesse, la peau me frétille
Je prends une teinte vert-violet
Mes entrailles se tordent, se soulèvent
Mon cœur s'est décroché au bord des lèvres,
Et s'est jeté de mon sale clapet

Bouge dans l'air une corde dansante
Tout d'un coup ton petit secret s'évente
Je t'ai vue fuir cet énorme manoir
Fameux restes d'une belle inconnue !
Ta chair transporte la vie résolue
Ô pourriture, en toi toujours pointe l'espoir !

C'est pour ça que j'ai opté pour l'incinération.