Meilleur ennemi

Tu m’as toujours connu, tu n’ignores rien de moi. Même mes plus ignobles secrets ne peuvent se dérober à ton regard.
Je t’ai forcé à travers l’enfer et je t’ai fait bouffer des tombereaux de merde, à coups de fouet déchirant ta peau.
Te souviens-tu ô meilleur ennemi de ces murs qui se dressaient sur notre route ?
Ils nous faisaient si peur, pourtant nous avons tout démoli.
Te souviens-tu de ce passeur lubrique qui nous fit traverser l’enfer ?
Te souviens-tu de toutes ces femmes qu’on a tordues dans tous les sens, pour les fourrer dans notre chair et sécher les torrents de nos plaies ?
Tu ne voulais pas, je t’y ai forcé.
Mais c’était de bonne guerre. N’étais-tu pas celui qui secrètement voulait me voir au bord du terrain, les tripes à l’air et complètement hors-jeu ?
N’as-tu pas conspiré secrètement pour œuvrer à ma propre chute ? Ne voulais-tu pas me voir mort et incapable de renaître tel le Phénix ?
Je t’aime, tu sais ? Toute ma vie, il n’y a jamais eu que toi. Mais aujourd’hui, je viens en paix. Dorénavant, ce sera toi et moi contre les restes du monde.
Je te demande pardon, mon cher Ego.

Tous les poètes meurent

Tous les poètes meurent
D’une tristesse infâme
Ayant jeté leur âme
Dans l’encre calamarde
Ayant pendu la vie
Aux esses de l’étal
Ils survolent le sol
Entre les pieux immondes
D’une vie martelante
Ils ont la tête en flamme
Et marchent le front noir
Dans la rue d’épouvante
Puis s’enferment en eux
Replient leur vieux tricot
Entre leurs mains gelantes
Et partent à vingt ans
Seuls infiniment seuls

Et je meurs avec eux.

Marine
15 mai 2013

Superbe commentaire (poème!), Marine!