Mon fils

Quel œil assez rapide arrive à te reconnaître ?
Sur la route, tu es flèche sur arbalète.
Tu pénètres tout, arbre, tôle, glissière, et sur béton t'arrêtes.
La chaîne de cette roue attache aussi ton cœur.
Tu te crois libre, mais tu es prisonnier du moteur.
Tu as comme lui un numéro de série noir, sur ton permis.
Tu n'es plus homme mais machine.
Je connais ton plaisir, son nom : " Adrénaline ".
Quel plaisir de rouler sur un circuit, sans paysage à raconter ?
A chaque tour un temps, pour chaque temps un shoot.
Saoul sans le moindre alcool, tu te laisses griser.
Mais tout s'arrêtera quand ça sera la chute.
Tu te crois fort ?...tu ris...
Mais tu veux ressembler aux moustiques, sur tes yeux de plexi ?
Et tu es mort anonyme...homme au masque de fer.
Tu étais fils du vent, héros, surfer d'argent.
Et moi... j'étais ton père.
Je t'aimais et je te hais !
Parce que tu m'as laissé.
Tu disais "vivre" quand j'avais peur.
Avec moi tu n'as pas pris de gants.
Tu m'as dit : " t'inquiètes, je pars mais pas longtemps ".
Tu m'as menti, tu es parti avant moi et pour l'éternité.
J'attends mon tour maintenant.
Demain ! J’achète une moto et je prendrai la route.
Et le même virage...
Je ferai comme toi le même grand voyage.

Un drame, une colère, un texte fort !

Merci Hugo pour ce poème très poignant et d’une grande justesse

Poignant ! Merci pour ce texte

Un vif chagrin poétiquement et Humainement exprimé!
Bravo pour l'écrit!
Amitiés, Jean-Yves

Un texte si juste, on est grisé par la vitesse, puis on s’inquiète pour nos enfants, et parfois, malheureusement, la douleur est intense.

je ne sais plus qui est le père qui est le fils j'ai vu les deux et voilà que la vie et la mort se les arrachent.
douleur impuissance accepter l'inacceptable.
je vous embrasse tous les deux où que vous soyez .
comme le temps a vite passé juste une seconde de regard en ariière et tout est fini.Même sans moto .
Compassion intense .