POUR LA ROUTE!

Ce soir est un de ces soirs où mon cœur bat tout de guingois. Comme à chaque fois que je me retrouve seul avec mes démons, mes fantômes et mes folies, je lutte contre moi-même avec mes mots de pacotilles et mes larmes de couillons qui n’en finissent pas de brûler mes plaies ouvertes aux regards de mes amis disparus, de mes amours mortes et de mes souvenirs toujours prêts à sortir les crans d’arrêt de mes remords…

Ça n’est pas sur moi que je pleure, n’allez pas croire ça. Je pleure ceux que j’ai aimés, ceux que j’ai haïs, ceux que j’ai trahis, ceux qui m’ont trompé, tous ceux dont ma vie est faite et qui dansent leur farandole dans mon cerveau fatigué d’avoir trop rêvé, d’avoir trop aimé, d’avoir trop vécu…

Par la fenêtre de la pièce où j’écris ces mots, je regarde la nuit qui s’installe. Elle sera belle, avec des étoiles à vous faire presque croire en l’humanité… Presque.
J’ai envie de l’ouvrir, cette putain de fenêtre et de crier, de hurler à la vie, à la mort, à l’envie, au dégoût et puis quoi ? Je devine derrière les autres fenêtres de mon quartier, de toute la ville des centaines, des milliers d’autres moi-même qui ont peut-être bien autant que moi ce désir de les ouvrir, mais qui savent pourtant qu’ils resteraient là, comme moi, à contempler la nuit en fermant leur gueule… Alors, pour ne pas entendre ce silence insupportable, je parle mes mots, mes maux, en les tapant sur le clavier de mon ordinateur et je me dis qu’il est bien tard, comme chantait Ferré, et je me sers un dernier verre, Richard, un dernier… POUR LA ROUTE !

En nous jouant ce blues poétique avec ton coeur et ta sincérité, ibere,  tu desserres un peu la longe de ta douleur !
Bravo