Le cauchemar ou la réminiscence

Le Cauchemar (Füssli, 1781)


Je garde un peu
de ma vie
à l'abri
dans le coffre ancien
de ma mémoire
Quelques linceuls
et salves de ténèbres
des mots fracassés
dans une langue des profondeurs
des peines à la chaux vive
sur le gris d'une dentelle flétrie
de petites joies d'enfance
étranges et furtives
remèdes à l'usure du temps
J'y retiens captifs
des miracles ordinaires
Ton sourire exsangue, ma chère mère,
comme une poésie de l'irréductible
Nos légendes fauves
de nécropoles en feu
évadées des montagnes hautaines
de ta Transylvanie originelle
Un brin d'amour simple
doux au toucher
comme un lichen
de vallée secrète
où la source est tarie
Un jour je plongerai
à tout jamais
dans ce joyeux néant
pour fuir les hordes mauvaises
des désirs qui poussent seuls
et me défont de tout
comme une manière
de mort surnaturelle
On ne saura plus rien de moi
hormis un lambeau
de soie de lèvre
lécheuse de cendre
après que la bête a détalé ...

J'espère que tu ne l'as pas écrit sur du papier car il a du s'enflammer aussitôt, c'est tout simplement splendide, force des mots et des images, ce qu'elles peuvent m'embraser l'esprit (il est ignifugé lol), une ambiance où toutes les émotions suggérées le font danser tel dans un sabbat, néanmoins un écrit qui sent le soufre rance de souvenirs ininflammables, une écriture de feu.

Merci Véronique..

Merci Benoît, je fais souvent des rêves denses et compliqués, souvent le même se répète, à intervalles réguliers et j'ai alors besoin de le raconter puis de l'écrire pour qu'il cesse de me hanter. Les rêves récurrents sont dérangeants ...

Bonjour Lina

Ici une ambiance étrange, quasi fantastique

Des images de la Transylvanie mysterieuse

Beau et original !