Serial killer of souls.

Quand les fées se sont penchées sur mon berceau…

Pourtant, j’avais tout pour réussir ma vie : Une famille aimante et aisée, de l’amour que l’on m’a donné à téter sans restriction aucune, une bonne bouille de bon bébé souriant béatement au monde… Pas de malformations, pas de tares apparentes, la donne parfaite pour réussir au grand jeu de l’existence…
Alors quoi ?
Qu’est-ce qu’il m’est passé par la tête ce jour là ? Je me le demande encore aujourd’hui.
Je n’aurai jamais la réponse à cette question, je le sais bien, mais elle me taraude toujours la cervelle et je n’en serai débarrassé qu’en crevant. Alors, enfin libéré de moi-même, je pourrai peut-être connaitre la paix dans l’oubli éternel, en espérant qu’il n’y ait pas un dieu quelconque pour me pourrir la mort dans je ne sais quel enfer ou purgatoire.
Pour ce qui est de l’enfer, j’en connais déjà l’antichambre, peuplé de tous ceux à qui j’ai fait tant de mal…
Je ne suis pas un criminel Je n’ai tué personne. Enfin, je veux dire que je n’ai ôté la vie à personne. Mais j’ai laissé patauger dans le malheur et les douleurs ceux dont j’étais le bourreau et c’est peut-être pire. On achève bien les chevaux ! Ben moi, je n’ai achevé aucune de mes victimes. J’ai instillé en eux un poison qui brûlera dans leurs cœurs et dans leurs cerveaux durant toute leur vie. Je ne leur demanderai jamais pardon. Je ne mérite même pas ça et, de toutes façons, aucun ne me l’accorderait, j’espère !
Le pire de tout, c’est que je n’ai même pas de regrets, pas de remords. Je dois être un monstre. Aucune loi humaine ne peut me condamner. Je n’ai jamais rien commis d’illégal. Ce que j’ai fait, je devais le faire et si je ressens au fond de mon âme cette présence poisseuse et lourde comme un cadavre, ce stigmate invisible qui me rend le simple fait de respirer insupportable, c’est que je sais bien, au fond, que je n’ai pas encore terminé ma tâche.
C’est pourquoi, je suis venu ici. Demain, on lira dans le journal que le corps d’un promeneur imprudent à été retrouvé au fond de la fosse du Haou, ce lieu bien connu des randonneurs de la région. On lira mon nom. Personne ne me pleurera. Et c’est très bien ainsi. Ma mort sera le dernier tourment que j’infligerai aux malheureux qui ont croisé ma route.
Et en cet instant, juste avant de sauter, je me sens bien comme jamais, et je sais qu’en donnant l’impulsion salvatrice qui me fera enfin quitter ce monde, un sourire paisible se dessinera sur mon visage d’honnête homme.

Quand les fées se sont penchées sur mon berceau…
Quelles salopes…

C'est dur comme confession.

Alors voilà: Je ne suis pas un ange, mais ce texte n'est pas une confession! J'ai connu un personnage qui ressemblait à celui dont je parle à la première personne... Mais, ouf ! ça n'est pas moi! Ton voisin, Alain, n'est pas ce monstre! Merci de m'avoir lu.

Tu sais cher voisin, je ne juge pas, même si cela avait été toi. Dans la vie il y a des situations et des actes dont nous ne sommes pas fiers (même moi).
Ton texte est très bien construit. La dramaturgie est parfaite jusqu'à l'acte final salvateur et définitif.

Une nouvelle très bien écrite avec un suspens jusqu'à la fin, merci du partage, les fées font des choses incroyables, comme les anges
Amitiés

Tu les aimes ces textes courts ! Oh que oui ! Incisif, limite hargneux, bastonnant mots et phrases avec vigueur. Et sobriété.
Ça pique. Ça fait mal. Ce sont des tripes répendues sur le sol d'une page blanche.
Et c'est réussi.

Et j'aime tes nouvelles courtes.

Merci angelblue pour ton commentaire. Heureux que tu aies apprécié cette petite nouvelle pas très romantique je l'avoue!

Et merci à toi Errances. Oui, j'aime écrire des textes courts et que les mots "bastonnent". Et puis j'aime bien les tripes, aussi!