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Genèse d’écriture. (Confessions impudiques d’un écriveur éperdu…)

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Genèse d’écriture. (Confessions impudiques d’un écriveur éperdu…) Empty Genèse d’écriture. (Confessions impudiques d’un écriveur éperdu…)

Message par ibere64 Sam 7 Jan - 13:59

Les mots sont dangereux. Les mots sont des flingues. Ils peuvent blesser, tuer même. Ou faire mal, tout simplement. La puissance des mots est terrible. Ceux qui savent les décocher en plein cœur de ceux qui les lisent où les écoutent, ceux-là détiennent une puissance qu’ils ne soupçonnent pas toujours.
Mais les mots peuvent aussi faire du bien. Ils peuvent, soigner, sauver même… Ils peuvent être un baume apaisant sur les plaies de nos souffrances et donner à notre cœur l’émotion qu’il attendait.

Moi, les mots, je les laisse venir. C’est comme une marée qui ne cesse de monter. Avant qu’elle me submerge, il faut qu’elle sorte de moi, que je la crache, que je la dégueule. J’écris, j’écris, c’est comme une hémorragie, quelque chose d’inextinguible…

Les mots, Ils s’imposent à moi et je leur obéis sans savoir où ils vont me mener. Le sens même de ce que j’écris m’échappe. Je me laisse porter, emporter. Parfois c’est un voyage fabuleux d’où je n’ai pas envie de revenir. Mais je reviens toujours. Alors je repars sans cesse dans cette quête un peu folle et dangereuse qui me pousse si loin en moi-même.
Parfois c’est un vertige, une descente aux enfers. Ces enfers où l’âme peut se perdre à force d’errer dans la fange de nos bas fonds inavouables.
Des pensées parfois me traversent l’esprit et je suis horrifié à l’idée qu’elles aient pu naitre, être conçues par mon cerveau. Ces pensées là sont une insulte à moi-même, mais aussi une insulte à tout ce que j’aime. Alors je vomis des flots de mots à en noircir des pages que je ne publierai jamais. Ma honte bue.
Le plus souvent, après cette affreuse plongée, c’est comme une rédemption, une remontée à la surface de ma conscience. Alors, je prends un stylo, et sur le papier naissent des phrases, des vers pleins de douceur. C’est comme une ivresse salvatrice, un nectar dont je me repais sans vergogne. Mais à la relecture, je m’aperçois que tout ça est nul, ça n’est pas moi. Je ne peux écrire à peu près correctement que dans le doute, le questionnement, le mal-être.
Les jolies fleurs, les petits oiseaux, les roses amours, ça n’est pas pour moi. D’autres y trouvent leur miel et montrent un vrai talent à composer des poèmes sur ces beautés simples. Moi, quand je m’y essaie, c’est mauvais, mièvre, fade, idiot…
Il me faut de la peine, de la haine, de l’amour déchiré, de la fureur et des larmes pour écrire quelque chose qui me ressemble. Je ne sais pas pourquoi. Ou je le sais trop bien.

Ecrire pour moi n’est pas une ambition. C’est un besoin, une condamnation à vivre. Longtemps, je n’ai pas voulu partager ce fatras qui coulait de mes blessures et de mes folies. Et puis, un jour, j’ai compris que je n’étais pas seul à hanter ce monde étrange de la Poésie et qu’il me fallait oser déposer mes armes aux pieds de mes frères d’âmes. Non pas pour parader ni comparer, encore moins pour juger ou être jugé, mais simplement pour découvrir ce que d’autres avaient à offrir pour étancher ma soif d’être et de comprendre. De me comprendre et de les comprendre. Entreprise bien-sûr vouée à l’échec mais un échec constructif : J’ai appris à aimer lire les autres. Ce qui me touche, en fait, ça n’est pas tant la qualité des textes que je découvre (mais si elle est au rendez-vous, tant mieux !), non, ce qui m’émeut vraiment, c’est leur sincérité. Quand elle est là, qu’importe les fautes s’il y en a, les maladresses, les approximations, quelque chose passe, un trouble indicible qui fait qu’on se sent du même monde. Une sorte de fraternité nait de la chose écrite et lue plus évidente encore  dans les non-dits que l’on devine entre les lignes. Et lorsque, parfois, je tombe sur une « pépite », un poème qui enfonce sa lame dans ma plus intime sensibilité, c’est bouleversé que j’en fais la lecture avec l’envie irrépressible d’écrire à l’auteur/autrice : « Je t’aime ». Et c’est muselé par cette pudeur qui nous censure tous dans la plupart de nos réactions, que je me contente d’un commentaire élogieux mais poli…

L’écriture, c’est ma vie. Elle m’a pris beaucoup d’elle mais elle me l’a sauvée, aussi. Je ne me pose pas la question de savoir si j’ai quelque talent ou pas en la matière. Parce que je n’ai jamais écrit pour être lu. J’écris pour être vivant. Pour le rester. Et ce que je donne à voir, à lire de moi n’est pas autre chose qu’une main tendue à l’Humanité qui existe en chacun de nous et dont je sais qu’elle peut tenir en quelques vers jetés dans l’océan de nos peines, de nos douleurs, de nos joies, de nos folies, de nos délires, et qui peut nous sauver du mal d’être, pour un instant seulement peut-être, mais un instant qui vaut toutes les éternités…
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Message par Fanny Sam 7 Jan - 17:49

En tant que lectrice, les mots que je lis ne me sauvent pas ,mais pour un instant, comme tu l'as exprimé, ils me font passer par une gamme d'émotions qui m'aident à avancer et à me sentir au monde d'une certaine façon..
L'écriture m'a très certainement permis de devenir moi même, un peu plus authentique et moins superficielle et puis elle m'a donné le bonheur de créer et de rencontrer des personnes qui sont devenues des piliers dans ma vie, je me livre à ces quelques confessions et ressentis très personnels mais ton écrit m'a "un peu beaucoup" bousculé par sa force et son propos...

Je te remercie Philippe pour tes confessions loin d'être impudiques mais plutôt d'utilité publique par le bien que j'ai pu ressentir à ma lecture Very Happy !

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Message par Lydia Sam 7 Jan - 21:46

Superbe de sincérité et de vérités dans lesquelles je me retrouve pas mal. Merci pour ce partage, Ibere.
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Message par Benoit (admin.) Dim 8 Jan - 1:26

L'écriture est un combat pour certains, un combat contre soi-même, un combat pour la vie et tu le démontre par la tienne d'une manière qui me parle terriblement, elle est un processus, la première étape vers une guérison de l'âme qui, pour certains aussi, ont une sensibilité, un ressenti au monde bien différent des autres et c'est leur seule échappatoire en quelque sorte, oui les mots tuent, ils expriment une violence qui est inhérente à l'homme relative à son instinct de survie toujours présent dans son esprit reptilien (et parfois nécessaire), oui les mots guérissent et c'est bien là la magie de l'écriture, sa force car c'est un langage que d'aucuns ont en commun de par leur sensibilité mais surtout l'écriture est un acte d'amour, une recherche de cet amour dont nous avons toutes et tous un besoin irrépressible et contre lequel il est inutile de vouloir lutter malgré que l'on essaye parfois.

Et j'aime cette écriture authentique, sincère qui ne se cache pas elle démontre l'homme qui s'accomplit, qui s'assume, qui s'affirme malgré les doutes qui peuvent aussi l’assaillir, j'aime cette vérité de l'être, cette idiosyncrasie qui fait de nous des hommes si différents, si uniques mais à la fois si identiques et qui nous rapproche également.

Les mots nous les prenons parfois en pleine tête, en plein cœur et ils font mouche mais c'est à nous de faire le choix s'ils viennent de la tête ou du cœur et dans ce processus qu'est l'écriture ce sont les actes qui suivent qui définissent la voie du guerrier ou du tueur qu'à un moment nous devons choisir sur ce sentier de la guerre que nous n'avons pas forcément eu le choix de prendre.

Tes mots me parlent et ils parleront à d'autres, pas à tous évidemment mais ils feront leur chemin dans la conscience universelle qui nous permet d'avancer pas à pas nous les maillons de cette chaîne qui se prénomme Humanité, cette chaîne qui paradoxalement essaie tant bien que mal de se défaire de ses fers.

Merci Philippe.

Amitiés.
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Message par Errances Dim 8 Jan - 9:53

Je vais faire oeuvre de synthèse. J'ai pu écrire, Ibère, ton flot, ton encre-fleuve, et tous les ruisseaux de commentaires qui en découlent.
Jusqu'aux noirceurs que peu ont lu.

Amicalement.

Errances

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Message par angelblue Dim 8 Jan - 17:17

Un texte qui pour moi est vraiment magnifique, tellement d'émotions en moi en le lisant que je n'arrive pas à le commenter, merci pour ce partage
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Message par ibere64 Dim 8 Jan - 17:30

Merci à vous pour vos commentaires. J'ai toujours un peu peur, avant de publier certains textes... Je me dis que peut-être, j'outrepasse certaines limites que je ne devrais pas franchir... Mais vos mots me rassurent. Vos analyses sont d'une justesse qui me touche beaucoup...

Angelblue, ton commentaire me disant que tu n'arrives pas à commenter parce que tellement d'émotions en toi, c'est le plus beau commentaire que tu pouvais me faire. Merci.
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Message par Peterpiotr Ven 20 Jan - 10:17


Je ne découvre que ce matin cette nouvelle. Tes mots d'écorché vif m'ont parlé dès le premier paragraphe.
Tu as beaucoup de choses à dire, Ibère, et tu les dis bien. Sans enjolivement inutile, sincèrement, comme tu les ressens. C'est la raison pour laquelle les commentaires relatifs à tes poèmes ou à tes nouvelles sont généralement très bienveillants. Les personnes un tant soit peu sensibles ou lucides comprennent ce que tu écris.
Ne change pas !
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Message par Errances Ven 20 Jan - 13:51

Écrire est vivre.
Écrire est coucher sur le papier les encres de larmes et de sang de la vie. Coucher les rires, les joies, les bonheurs, les soleils sur un bout de papier dont nous ne pouvons deviner la destinée. L'humanité. Où inhumanité. La nature. Et toutes ses forces, toutes ses couleurs, toutes ses fragrances.
Écrire est la noirceur, l'ire, la bête, l'enfer, le sang, la mort, les viscères sur la table, la tête sur le billot, le corps attaché sur le bûcher, la souffrance rance du lien mort, le canon de l'arme dans la bouche, la cervelle qui tâche la pièce. L'encre qui vide notre sang sur l'immaculée d'une feuille.
Écrire est la beauté de celle ou de celui que nous aimons. Comment notre âme s'y est volontairement attachée d'un lien libre ou indéfectible. Comment nous voulons être aimé. Écrire cette amour est la dévoiler en cachotteries de velin sur une soie de dentelle entre deux pages d'un livre inséré dans une bibliothèque oubliée qu'une jeune femme curieuse ou un jeune homme curieux chuchotera à sa doublure aimée le soir auprès d'un feu de bois pour faire naître l'union des mots sur l'accord des corps en hommage à la conception de ces pages centenaires que le torrent du temps aura préservé un temps.
Écrire est se coucher sur le papier, corps et âme. En plaisirs, en déchirements, en blessures mortelles, en euphorie. En doutes. En tempêtes. En crise. Et en bonheurs. En sourires qui nous chavirent. En baisers qui nous émeuvent. En mots que nous aimerions entendre chuchotés à notre oreille comme une confidence douce de la confirmation du sentiment partagé.
Écrire est faire vivre les morts. Un peu. Beaucoup. Passionnément. Parce qu'ils nous ont fait trembler de joie, nous ont donné la vie. Parce qu'ils ont été nos enfants trop tôt disparus, nos amours déchues de la vie par la vie elle-même, que nos coeurs, jamais ne cesseront de saigner de leurs absences et qu'un, petit, remède d'écriture permet de faire vivre encore et encore et encore plus longtemps que Rome ou Venise.
Écrire est s'humaniser une deuxième fois quand nous ne sommes que cris douleurs injustice. Écrire est le traitement et le remède. Écrire est se survivre à soi-même. Écrire est s'aimer soi autrement.
Écrire est le bonheur que j'ai au présent de vivre ce futur avec un être que je ne connais pas. Ou la joie solitaire de vivre dans cette immensité. Selon son choix.
Écrire est vivre même lorsque nous nous savons condamnés, notre dernière heure venue et que nous n'aurons plus la force de tourner la page, et que cela en sera fait pour nous.
Écrire est vivre.
Écrire est aimer.

20230120


Dernière édition par Errances le Jeu 28 Sep - 13:38, édité 1 fois

Errances

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Message par Moi Marie Ven 20 Jan - 14:05

Un texte riche de sens...
Bravo! Pour avoir su mettre noir sur blanc tous les sentiments qui font l'existence, et la force qu'ils possèdent......

Amitiés


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