Valparaiso (Chroniques Chiliennes).
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Valparaiso (Chroniques Chiliennes).
Valparaiso.
J’ai tout de suite aimé Valparaiso. Une orgie de couleurs s’étale sur les murs de la ville et les façades des maisons. Un charme fou se dégage de cet endroit. Les différents quartiers s’éparpillent et dévalent les nombreuses collines jusqu’au port. Il fait moins chaud qu’à Santiago et l’atmosphère y est différente, plus détendue. Cela est peut-être dû au caractère un peu foutraque et artiste de cette cité multicolore…
Sur le port, le bar restaurant « Liberty » accueille les clients dans une atmosphère qui a encore des relents d’aventures et de départs vers de lointains voyages. C’est un endroit bruyant et joyeux ou des couples dansent la « cuenca » traditionnelle entre les tables où des personnages hauts en couleurs mangent, boivent ou dorment au milieu des bouteilles qu’ils ont vidées…
En ville, chaque soir comme à Santiago, des émeutes éclatent… Le soir du réveillon où nous mangeons au restaurant « la Casa Vander » n’échappe pas à la règle et c’est en pleurant et toussant que nous regagnons de nuit notre hôtel dans les vapeurs des gaz lacrymo qui montent de la plaza Hannibal Pinto…
Oui, Valpo me plait. Valpo nous plait. Elle est la petite sœur délurée de santiago, un peu canaille, un peu bohème, pas froid aux yeux, ça c’est vrai mais pleine de charmes. Il est difficile de résister à son clin d’œil un peu aguicheur…
Gilles et sa « Bicyclette »
Il est impossible de ne pas évoquer ce personnage haut en couleurs qui restera à jamais associé à notre séjour à Valparaiso. Il est le tenancier (je crois que ce terme lui va bien !) de l’hospedaje où nous avons élu domicile pendant notre séjour ici. Le personnage est « raccord » avec son établissement : sale, disons-le tout de go ! Je veux dire négligé, mal rasé, le cheveu gras, les vêtements fripés, tâchés, pas vraiment engageant… Les chambres ne sont pas bien tenues, certes et il ne faut pas être à cheval sur l’hygiène et la propreté, mais le top du top, c’est la salle de bain : enjamber la baignoire pour prendre sa douche relève sinon de l’héroïsme, du moins d’un sens aigu de l’abnégation ! On sent bien que cette pièce ne relève absolument pas de la compétence de Gilles et qu’il n’y pénètre sans doute que très rarement, probablement dans les années bissextiles et encore ! On se rase (ou on se maquille pour les dames) à l’aveugle au dessus d’un minuscule lavabo qui a dû être blanc à l’origine mais qui a viré à l’ocre jaunasse en se regardant sans se voir dans un miroir qui ne reflète plus rien qu’une opacité crasse et grise…
Gilles, quant à lui, si l’on passe outre son aspect peu engageant, est un gentil garçon. Il nous soûle de conseils que nous ne suivrons pas, nous prodigue des cours pas vraiment magistraux sur la situation politique et économique du Chili où il vit depuis une vingtaine d’années je crois et ponctue la plupart de ses propos par un « moi, ce que je vous en dis, hein ! Vous ferez comme vous voudrez ! » Et oui : on fait comme on veut, c'est-à-dire pas comme il dit ! Je crois qu’en fin de compte, nous ne garderons pas un mauvais souvenir de lui : malgré les défauts susdits, c’est un brave homme dont je me demande encore par quels hasards la vie l’a amené jusqu’ici, si loin de sa Toulouse natale…
Jeudi 2 janvier, bus pour Serena au nord du Chili.
Ce départ de Valparaiso restera dans nos mémoires comme un des moments les plus tendus de notre voyage. C’est le soir, Notre taxi « Uber » a dû se détourner pour éviter les affrontements qui ont lieu au milieu des feux de poubelles. Et puis, à 2 ou 300 mètres de la gare routière, Notre voiture s’arrête. Notre chauffeur nous dit qu’il n’ira pas plus loin : dans rue que nous devons emprunter, les émeutes semblent être assez intenses. On aperçoit un camion qui arrose la foule avec une lance à incendie dans la lueur des flammes et le bruit des détonations. Malgré notre insistance, le chauffeur ne veut rien savoir et nous laisse sur le trottoir avec nos sacs à dos. Nous n’avons pas d’autre alternative que de remonter la rue chargés comme des mulets sous l’œil pas vraiment rassurant des soldats qui sont postés près de leurs véhicules blindés. Heureusement la manif s’est déplacée et nous parvenons tant bien que mal dans les vapeurs de lacrymo qui nous sont désormais familières à l’entrée de la gare routière. Là, des gardes nous laissent entrer au compte goutte après avoir vérifié nos billets et c’est avec l’impression de traverser une ville en état de siège que nous quittons Valparaiso…
J’ai tout de suite aimé Valparaiso. Une orgie de couleurs s’étale sur les murs de la ville et les façades des maisons. Un charme fou se dégage de cet endroit. Les différents quartiers s’éparpillent et dévalent les nombreuses collines jusqu’au port. Il fait moins chaud qu’à Santiago et l’atmosphère y est différente, plus détendue. Cela est peut-être dû au caractère un peu foutraque et artiste de cette cité multicolore…
Sur le port, le bar restaurant « Liberty » accueille les clients dans une atmosphère qui a encore des relents d’aventures et de départs vers de lointains voyages. C’est un endroit bruyant et joyeux ou des couples dansent la « cuenca » traditionnelle entre les tables où des personnages hauts en couleurs mangent, boivent ou dorment au milieu des bouteilles qu’ils ont vidées…
En ville, chaque soir comme à Santiago, des émeutes éclatent… Le soir du réveillon où nous mangeons au restaurant « la Casa Vander » n’échappe pas à la règle et c’est en pleurant et toussant que nous regagnons de nuit notre hôtel dans les vapeurs des gaz lacrymo qui montent de la plaza Hannibal Pinto…
Oui, Valpo me plait. Valpo nous plait. Elle est la petite sœur délurée de santiago, un peu canaille, un peu bohème, pas froid aux yeux, ça c’est vrai mais pleine de charmes. Il est difficile de résister à son clin d’œil un peu aguicheur…
Gilles et sa « Bicyclette »
Il est impossible de ne pas évoquer ce personnage haut en couleurs qui restera à jamais associé à notre séjour à Valparaiso. Il est le tenancier (je crois que ce terme lui va bien !) de l’hospedaje où nous avons élu domicile pendant notre séjour ici. Le personnage est « raccord » avec son établissement : sale, disons-le tout de go ! Je veux dire négligé, mal rasé, le cheveu gras, les vêtements fripés, tâchés, pas vraiment engageant… Les chambres ne sont pas bien tenues, certes et il ne faut pas être à cheval sur l’hygiène et la propreté, mais le top du top, c’est la salle de bain : enjamber la baignoire pour prendre sa douche relève sinon de l’héroïsme, du moins d’un sens aigu de l’abnégation ! On sent bien que cette pièce ne relève absolument pas de la compétence de Gilles et qu’il n’y pénètre sans doute que très rarement, probablement dans les années bissextiles et encore ! On se rase (ou on se maquille pour les dames) à l’aveugle au dessus d’un minuscule lavabo qui a dû être blanc à l’origine mais qui a viré à l’ocre jaunasse en se regardant sans se voir dans un miroir qui ne reflète plus rien qu’une opacité crasse et grise…
Gilles, quant à lui, si l’on passe outre son aspect peu engageant, est un gentil garçon. Il nous soûle de conseils que nous ne suivrons pas, nous prodigue des cours pas vraiment magistraux sur la situation politique et économique du Chili où il vit depuis une vingtaine d’années je crois et ponctue la plupart de ses propos par un « moi, ce que je vous en dis, hein ! Vous ferez comme vous voudrez ! » Et oui : on fait comme on veut, c'est-à-dire pas comme il dit ! Je crois qu’en fin de compte, nous ne garderons pas un mauvais souvenir de lui : malgré les défauts susdits, c’est un brave homme dont je me demande encore par quels hasards la vie l’a amené jusqu’ici, si loin de sa Toulouse natale…
Jeudi 2 janvier, bus pour Serena au nord du Chili.
Ce départ de Valparaiso restera dans nos mémoires comme un des moments les plus tendus de notre voyage. C’est le soir, Notre taxi « Uber » a dû se détourner pour éviter les affrontements qui ont lieu au milieu des feux de poubelles. Et puis, à 2 ou 300 mètres de la gare routière, Notre voiture s’arrête. Notre chauffeur nous dit qu’il n’ira pas plus loin : dans rue que nous devons emprunter, les émeutes semblent être assez intenses. On aperçoit un camion qui arrose la foule avec une lance à incendie dans la lueur des flammes et le bruit des détonations. Malgré notre insistance, le chauffeur ne veut rien savoir et nous laisse sur le trottoir avec nos sacs à dos. Nous n’avons pas d’autre alternative que de remonter la rue chargés comme des mulets sous l’œil pas vraiment rassurant des soldats qui sont postés près de leurs véhicules blindés. Heureusement la manif s’est déplacée et nous parvenons tant bien que mal dans les vapeurs de lacrymo qui nous sont désormais familières à l’entrée de la gare routière. Là, des gardes nous laissent entrer au compte goutte après avoir vérifié nos billets et c’est avec l’impression de traverser une ville en état de siège que nous quittons Valparaiso…
ibere64- Messages : 790
Date d'inscription : 29/07/2022
Localisation : Euzkadi
Lydia aime ce message
Re: Valparaiso (Chroniques Chiliennes).
Un journal de bord qui nous permet de vivre vos aventures chiliennes comme si on y était. Merci Ibere pour ce chouette partage!
Lydia- Messages : 2635
Date d'inscription : 10/04/2022
Age : 64
Localisation : ROCHEFORT
ibere64 aime ce message
Re: Valparaiso (Chroniques Chiliennes).
Merci Lydia, ces publications n'ont pas d'autre but : le partage. Entre le Chili et moi, c'est une vraie histoire d'amour! L'histoire de ce pays, sa beauté et la gentillesse de ses habitants, font que je ne peux qu'avoir envie de l'évoquer et de publier ces "chroniques".
ibere64- Messages : 790
Date d'inscription : 29/07/2022
Localisation : Euzkadi
Lydia aime ce message
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